Le violeur en série arrêté, mais de quel droit lui associe-t-on l’emblème d’une nation !

Il est bien connu que l’on n’est pas criminel parce qu’on appartient à tel pays, à tel continent ou à telle race ou telle religion.  Pourtant les médias ne prennent pas toujours cette évidence en compte lorsqu'ils traitent des crimes : la nationalité, la culture ou la religion, originelle ou nouvellement acquise, des terroristes, des violeurs, des meurtriers… sont fréquemment mis en avant, notamment dans les pays occidentaux. Surtout quand il s’agit d’étrangers !

Et cela nous indispose beaucoup, nous citoyens d’autres sphères géographiques et culturelles. Nous y voyons l’ombre d’un racisme sournois, d’une xénophobie à peine masquée, qui ne disent pas leurs noms, et qui visent nos compatriotes et nos cultures.

Mais hélas, à notre tour, nous commettons le même type d’erreur, le cas échéant. Et la Mauritanie n’y échappe pas.

Un présumé violeur en série vient d’être arrêté par la police de la Wilaya de Nouakchott Ouest. La presse locale en a fait largement l'écho. Mais pour illustrer l’information, des sites électroniques n’ont pas trouvé mieux que de publier l'image du drapeau du pays de l'homme appréhendé tout en insistant sur le fait qu'il est de nationalité française.

En réaction, et comme l’on pouvait s’y attendre, les réseaux sociaux ont servi de tribunes pour des sentiments antifrançais émanant de plusieurs personnes.  Traiter médiatiquement ce genre d'informations choquantes sous un angle pareil, en y associant la nationalité, la religion ou la race… du présumé criminel, pose problème.

D’un point de vue criminologique, on peut en effet estimer que cela constitue de fait une incitation indirecte à la haine, à la xénophobie et au racisme. Et il est grand temps de prendre des dispositions pour réprimer et prévenir ce genre de propagande nocive et insidieuse.

Le traitement ne doit pas être seulement local ou national. Comme le terrorisme, le phénomène est mondial ; la réponse doit également s’inscrire dans une vision transnationale et multilatérale.

Il s'agit d'un aspect du racisme des médias extrémistes, de droite comme de gauche, que l’on voit se développer sur les réseaux sociaux. Il constitue aujourd’hui un fléau aussi grave que le Covid-19. Le phénomène serait même plus préoccupant. On estime pouvoir maitriser la pandémie d’ici quelques mois à un an, et la vaincre dans un délai relativement court.

Par contre, aucune perspective ne se profile à l’horizon, s’agissant du recul du racisme et la xénophobie. Bien au contraire, avec l’avancée de l’extrême droite, des mouvements populistes, des idées et courants fondamentalistes, les indicateurs poussent à l’inquiétude.

D'un autre côté, le contexte mondial de la pandémie de Coronavirus, le confinement généralisé actuel et la crise multiforme, économique, financière, sociale… qui en découle, y apporteront probablement des nutriments multiplicateurs de risques. Des voix allant de ce sens se font de plus en plus entendre. 

En effet, songeant déjà à l’après Covid-19, les appels se multiplient pour la renaissance et le renforcement de l’Etat-nation et pour la mort de la mondialisation et du multilatéralisme. Ils pourraient être perçus comme un recul du sens de partage, de l’ouverture sur des horizons nouveaux ; et  être interprétés conséquemment suivant une voie qui nous semble dangereusement réductrice. Nous la résumerons en deux formules simplifiées à l'extrême:  vers plus de repli sur soi-même, vers plus de rejet de l’autre ! 

El Boukhary Mohamed Mouemel

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